Naître femme, devenir mère au Mali

Si féminité et maternité sont naturellement associées mais ne sont pas toujours liées, au Mali, le lien entre les deux ne semble pas à discuter. « Une femme mère elle est un tout, un ensemble, elle représente l’humanité ». Cette citation extraite du film « Ephémère » va de soi dans un pays comme le Mali, où une femme donne naissance à 6 enfants en moyenne, et où une majorité de la population estime que le rôle de la femme dans la société est avant tout de donner la vie. Néanmoins, derrière l’acte sacré de mettre un enfant au monde, quel espace reste-t-il à ces femmes pour s’exprimer et s’épanouir ? Le statut de femme, et uniquement femme, est-il si éphémère qu’il s’efface dès que le rôle de mère prend le premier plan ? Dans une société où devenir mère est pratiquement un passage obligé pour être considérée comme une « vraie femme », quelle liberté de choix reste-t-il à ces femmes sur leur propre corps, leur famille, et leur destin tout simplement ? C’est à toutes ces questions que se propose d’essayer de répondre le film « Ephémère. Naître femme, devenir mère au Mali ».

Ce film-témoignage inédit, réalisé par la FFL et le reporter Thierry Winn, donne voix à 4 femmes et deux hommes, de milieux et de générations différentes, pour leur permettre de partager avec le public luxembourgeois leur ressenti, leurs craintes et leurs espoirs. A travers les thématiques du mariage, de la maternité, voulue ou non, les protagonistes révèlent la diversité des réalités maliennes et les paradoxes de la joie de devenir parents. Car leur équilibre éphémère ne tient souvent qu’à un fil, pour des femmes dont le destin peut être si rapidement brisé en donnant la vie.

« Notre travail au quotidien est une fenêtre ouverte sur le Mali et nous avons la chance et l’opportunité de pouvoir apprendre beaucoup de nos partenaires. A force d’échanger avec eux, nous avons voulu partager avec le grand public luxembourgeois les réalités du terrain sur des thèmes qui nous sont chers, comme ceux de la santé maternelle et infantile, des droits de la femme et de la famille … » explique Violaine Alves, responsable de projets pour la Fondation Follereau Luxembourg. La FFL est en effet largement active sur ces problématiques puisqu’elle soutient pour l’année 2014 8 projets axés sur la santé familiale en Afrique de l’Ouest. Au Mali, le projet de conception de supports d’information et sensibilisation sur les thématiques obstétrique et néonatale, mené en étroite collaboration l’ONG malienne COFESFA et la Clinique Bohler au Luxembourg, vise tout particulièrement à répondre aux besoins de ces futures et jeunes mères. « Dans le cadre de ce projet, nous avons eu l’occasion de nous intéresser de près aux possibilités de choix des femmes et à la place qui leur est accordée dans la famille. Il aurait été dommage de garder toutes ces découvertes et réflexions juste pour nous. Ces femmes méritent que le reste du monde connaissent leur situation et leurs difficultés » ajoute Violaine Alves.

Alors que Aïssata explique avec un sourire timide ses espoirs de partage des tâches au sein du ménage avec son jeune fiancé et son souhait d’avoir plus tard 3 enfants, Minata raconte avec émotions ses 3 fausses couches et ses difficultés à élever ses nombreux enfants. Une palette d’émotions et de rêves, à l’image du Mali et de ses 16,5 millions d’habitants.

« Au-delà des frontières du Mali et de l’Afrique, cette soirée nous invite aussi à nous interroger sur l’image de la femme et de la mère dans notre propre société »

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