L’aide humanitaire d’urgence en RCA

La République Centrafricaine (RCA) est la troisième crise humanitaire au monde, après le Yémen et la Syrie, selon la proportion entre la population totale et les personnes ayant besoin d’aide humanitaire. 63% de la population centrafricaine a besoin d’assistance humanitaire et de protection. Face à l’ampleur de la crise, la Fondation Follereau Luxembourg renforce son appui dans la zone, et apporte une aide d’urgence à hauteur de 250.000€, grâce à l’appui du Ministère des Affaires étrangères et européennes luxembourgeois (MAEE).

Malgré les efforts de consolidation de la paix, le pays demeure au cœur d’une crise complexe et s’enlise dans un cycle de violences. Depuis l’indépendance en 1960, de nombreuses crises politiques ont secoué la RCA, la crise actuelle ayant suivi le putsch orchestré par les rebelles Séléka en mars 2013. Ce coup d’Etat, qui a été accompagné de nombreux pillages et autres violences brutales a, aujourd’hui encore, de lourdes conséquences. Le système de santé est partiellement, voire totalement, effondré selon les régions. Le personnel de nombreuses structures médicales s’est enfui, et les nombreux pillages ont eu raison des stocks de médicaments et de matériel de première nécessité. À cela s’ajoute le manque de nourriture, donnant lieu à une crise humanitaire et sanitaire sans précédent dans le pays.

Selon l’aperçu des besoins humanitaires 2019, 2,9 millions de centrafricains, dont plus de la moitié sont des enfants, ont besoin d’une assistance humanitaire et de protection.

La capacité de l’État centrafricain à répondre à la crise reste très limitée. Dans de nombreuses régions, l’accès aux services sociaux de base, tels que l’éducation et la santé, est majoritairement assuré par des partenaires humanitaires. La situation sanitaire est particulièrement préoccupante. L’épidémie du VIH/Sida, combinée à la profonde dégradation des conditions de vie de la population et à l’affaiblissement du système de santé sont autant de facteurs de mortalité néonatale, infantile et maternelle élevée. L’espérance de vie à la naissance (52,9 ans) est la deuxième plus faible au monde.

Depuis l’écroulement des structures de l’État en 2013, l’ONU et d’autres organisations internationales ont mis en place une série de mesures afin de garantir un accès minimum aux soins de santé pour la population déjà précarisée. L’ONG FAIRMED, partenaire de la Fondation Follereau Luxembourg (FFL) pour la RCA, a fait partie des premiers acteurs à s’engager dans le contexte de cette crise.  Depuis 2011, la FFL soutient un projet de promotion de la santé primaire dans la région de la Lobaye et de l’Ombella M’Poko, qui vise à améliorer l’accès aux soins des populations les plus démunies grâce à une approche participative.

Depuis 2013, la fondation a complété son soutien par une aide humanitaire d’urgence. Cet apport supplémentaire permet de maintenir opérationnel le système de santé de la zone, et d’assurer ainsi la pérennité des actions entreprises et des efforts fournis. La prise en charge d’une partie des indemnités du personnel de santé, afin de garantir sa présence et sa motivation malgré l’insécurité, la formation et le renforcement de leurs capacités, l’équipement médical et la mise à disposition de médicaments essentiels permettent de garantir l’accès aux soins de base aux populations de la zone, malgré le contexte de crise.

Le Luxembourg, au travers de sa Charte humanitaire, s’engage à placer les groupes vulnérables et les communautés discriminées au centre de ses préoccupations, et à prendre en compte leurs besoins spécifiques dans les projets mis en œuvre. La FFL, au travers de l’aide d’urgence qu’elle apporte en RCA, s’aligne sur cette vision en accordant une attention particulière aux femmes et enfants du peuple autochtone Aka présent dans la Lobaye, ainsi qu’aux Bantous précarisés et aux personnes en situation de handicap.

Les conditions de vie des Aka sont particulièrement difficiles. Si une évolution positive a été observée face à la discrimination à laquelle ils sont confrontés quotidiennement, grâce à des décennies de sensibilisation et de plaidoyer, la perte massive de leurs moyens de subsistance les maintient dans une situation de précarité accrue. Au fur et à mesure que la déforestation gagne du terrain, leurs ressources disparaissent, et avec eux, leurs savoirs millénaires et leur précieuse connaissance des plantes et de la forêt tropicale. De plus, cette situation accroit leur dépendance vis-à-vis des Bantous et provoque un déséquilibre social profond.

Les résultats du projet sont cependant encourageants. L’accès aux soins de santé primaire des Aka a pu être élevé à près de 50% (alors qu’il n’était que de 2% avant le début du projet). Un système innovant de vouchers pour les femmes enceintes, afin de lever la barrière financière pour le suivi pré et post natal ainsi que pour l’accouchement, permet également de contribuer à réduire la mortalité maternelle et infantile.

En 2019, le MAEE a renouvelé son soutien financier afin que la Fondation Follereau Luxembourg puisse maintenir son aide d’urgence au secteur médical touché par la crise humanitaire et sanitaire. Cette nouvelle phase, en plus d’assurer la pérennité du système de santé en place, va permettre d’instaurer un système pilote de référence et de transport des cas d’urgence pour les régions les plus isolées, et d’élargir les actions menées à trois nouvelles communes du district sanitaire, afin de couvrir l’ensemble de la zone et de mener ainsi une action globale et cohérente.

Clémentine Gloire, Gestionnaire de projet

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